L’ECOLE PRIMAIRE DU DOUAR EL DJENAH
Par Djamal Dine BARAMA (Ancien élève)


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Suzette,
Comme promis je vous envoie cet article sur les Ecoles des Villages et Douars ; il concerne l'école primaire du Douar El Djenah que j'ai eu la chance de fréquenter de 1950 à 1956 avant notre exil à Djidjelli (ma famille et moi). L'article a un très grand intérêt historique car il n'est fait mention nulle part de cet établissement.
Aujourd'hui beaucoup de touristes visitant la région (surtout en été) se demandent ce que peut être cet édifice en ruine. Il est bon que les gens d'ici et de là-bas puissent se souvenir de cet établissement qui a vu couler les premières larmes ( lors de la rentrée des classes ) de quelques hauts fonctionnaires et même futurs cadres du pays.
Amicalement Djamal BARAMA

         L’année 1950 voit l’ouverture de l’école primaire d’ El Djenah , douar dépendant administrativement de la commune mixte de Taher et situé à 35 km à l’est de Djidjelli juste à l’embouchure du Rhummel ( appelé Oued El Kebir sur cette partie).
L’école, une ancienne gare appartenant à la société d’exploitation des mines de fer de Beni Haroun, comprend un bâtiment principal d’un étage avec une salle de classe au rez-de-chaussée et un appartement de fonction à l’étage servant de logement aux Enseignants. L’établissement disposait d’une grande cour grillagée et de quelques constructions annexes ( buanderie, toilettes, débarras).
        L’année scolaire 1950 /1951 voit l’ouverture officielle de l’école avec deux classes : les petits et les grands (une bonne majorité des enfants de 6 à 10 ans furent inscrits). Quatre ans plus tard l’école fonctionnera avec quatre classes (2 CP et 2 CE ) et deux créneaux horaires : 8h-10 h et 14h-16h pour les petits, 10h-12h et 16h-18h pour les grands. L’organisation des cours était adaptée à un enseignement en parallèle pour deux classes pour un même créneau et dans la même salle : par exemple quand une classe fait de la copie, l’autre fait dictée ou calcul ou lecture et inversement.
Le système fonctionnait admirablement bien grâce à l’ingéniosité des Instituteurs. Les premiers Enseignants furent Guy et Marie MOREL (1950/51 et 1951/52). Une fille est née durant leur affectation au Douar. Au bout de la deuxième année ils furent mutés à Herbillon (CHETAÏBI) et remplacés par Les SALADINI (Dominique et Dominique) qui arrivaient d’El Djeballah (région d’El Milia) et qui avaient un fils prénommé Jean Marc*. Ils restèrent deux années au Douar (1952/1953 et 1953/54) avant d’être, à leur tour, mutés à Chekfa puis à Djidjelli (CEG Jules Ferry). Leur remplaçant était Mr GERMAIN un militaire détaché dans l’enseignement qui officia juste une année (1954/55). Cette année là se termina difficilement car les premières opérations liées à la guerre commençaient à perturber la vie du Douar.
A la rentrée de l’année 1955/56 (plus exactement en Novembre 1955) des évènements tragiques obligèrent une partie de la population à se réfugier dans les villes et l’école fut fermée. L’instituteur devait rejoindre la garnison militaire de Djidjelli.
        L’école fermée fut épisodiquement occupée par l’armée durant ses opérations militaires avant d’être détruite en 1957 par un bombardement de l’aviation. Elle ne fut jamais reconstruite après l’indépendance du pays car on préféra construire une autre école plus grande et plus adaptée avec plusieurs salles de classe.
D.D.B. 2009 - mis en ligne le 10/07/2009





* Lorsque les SALADINI étaient à Djeballah, nous étions allés les voir avec mes parents... Quelle expédition ! D'abord, traverser l'Oued El Kebir en barque, puis grimper à dos de mulet pendant "un certain temps" et arriver en haut du Djebel. J'ai une série de photos de cette expédition ! S. Granger.