L’OURSINADE FI JIJEL,
En petite Kabylie de mon cœur
par Gérard Boutonné Janvier 2008



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      Au moment de la saison des oursins 2007-2008, les informations sont alarmantes du côté de la méditerranée, les prix à la consommation sont au plus haut : 5 € la douzaine près de la mer, 9 au super marché, 8 € « pièce » dans un restaurant à Paris, mais là…..
      L’inquiétude grandit chez les professionnels du ramassage d’oursins, c’est leur gagne pain. Il y en a de moins en moins, victimes d’abord de leur succès, ramassés par beaucoup de Gens sans discernement, plus la pollution que l’on accuse sans véritables preuves.
      De ces informations est née dans ma tête une image, puis plusieurs et enfin l’envie de vous raconter ce que j’ai vécu, preuves à l’appui en petite Kabylie dans la région des Babords à Djidjelli ma ville natale il y a ~ ~ ~

Oui R@ ? Rogerbase tu veux quelque chose ?Bien sûr que je veux quelque chose, j’te rappelle que j’suis ton double du dedans de toi, ta conscience equec’est moi quié cuilala quia traversé la mer avec ton bagage de pied noir sans rien oublier, alors entention asque tu vas dire j’te surveille ! aya Bouns, suis le chemin !

      Dans l’insouciance de notre jeunesse doublée de l’ignorance des lois, l’oursin était l’un des symboles de la fête au bord de mer en été. C’est vrai, nous r amassions en toute sérénité, fort de notre méconnaissance des règles d’autorisation ou d’interdiction de ramassage ; les oursins, en toutes saisons. Et c’est seulement aujourd’hui que je réalise que nous étions en infraction à cette époque de l’année. Depuis notre retour j’avais noté qu’il fallait respecter les mois zen’ner, sans faire le parallèle avec nos habitudes d’alors.
Déjà tout enfant, sur les rochers au bord de l’eau, les jours de baignades encore une fois en été, les oursins faisaient nos délices au point que ma mère avait en permanence des ciseaux pour pouvoir les ouvrir et soit avec un bout de pain soit avec une petite cueillere nous nous régalions d’un plaisir simple. Elle avait aussi une fourchette pour soulever l’oursin sans se piquer, un couteau pour ramasser les arapèdes, une petite bouteille d’huile d’olive non pas pour la salade mais pour enlever les épines dans les pieds ou les mains en baignant la piqûre d’huile pour faciliter sa sortie en pressant avec deux doigts, l’épine sortait.

    Souvent en famille nous les mangions à la maison, ouverts à la guillotine, accompagnés de tartines de pain beurré, les adultes buvant du vin blanc. D’autres fois c’était sur le sable de la plage pendant un repas au bord de l’eau généralement constitué de salade composée de riz, tomate oignon, poivron, œuf dur, anchois, sardine en boite, pomme de terre, olive etc…Mais avant et en entrée des oursins.
        Une fois plus grand, le plaisir étant différent, le ramassage avait aussi ses plaisirs. Je pense à cet endroit au début de l’extraordinaire côte rocheuse : appelée "La côte merveilleuse" réputée pour être la plus belle côte du monde à la sortie de Djidjelli à Bougie où l’enchevêtrement de la roche du haut de sa splendeur n’a d’égale que la houle écumeuse et blanchâtre des vagues qui la caresse !!!

R@ Oulalalala oh mon cousin ! Si c’est çà le francais litertaire j’crois tia vidé la cafetière d’une giclée, tia pas peur qu’le fond y soit pas bon pour la suite ?

    A cet endroit la plage, sorte de haut fond depuis le bord de l’eau, d’une profondeur de 50 à 80 cm sur une grande étendue couverte de posidonies dans lesquelles se cachaient les oursins, gros et pleins à souhait. Pour les ramasser il fallait opter soit de flotter sur le ventre avec masque et tuba, soit marcher et être chaussé de souliers pour éviter leurs épines. Dans les deux cas, nous avions comme outil une fourchette et pour les puristes un grappin d’une main, et de l’autre un cageot ceinturé de morceaux de liège en guise de flotteur. Faut dire que dans les Babors il ne manquait pas de chêne liège, richesse de la ville en son temps.
      Je pense à une oursinade organisée par Nono le coiffeur à coté de l’Hôtel de France, pendant que 2 ou 3 copains remplissaient les cageots d’oursins de 7 à 7h 30, d’autres dans l’arrière salle du salon de coiffure, débouchaient le vin blanc, préparaient les tartines de pain beurré et sortaient les cuillers, la guillotine, les ciseaux, tout en somme pour bien réussir une oursinade.
Quelle ambiance ! Que des mecs en train de « bâfrer et sarsoullier »

R@, pardon à Bouns de carguer un peu la trinquette de ton papier bateau, car cette orgie dont mon corps y garde personnellement en dedans la gargamelle un mauvais souvenir qui me revient comme la merguez à chez le boucher Bardaoui cuilala qui mettait tellement d’ail dans ses merguez que les vers de la viande y se sauvaient, ta rappel ! Hein! Bardaoui.Et ouala que j’fais comaco, la tchatche encore la tchatche et j’oubli( ha ! Les oublis, un jour j’te cause d’elles, et tout de suite tu meurs d’amour pour Elles. Enfin tout çà pour te dire que ton ordinatateur y dit qu’il y a une fote dans ton texte, d’abord yen a plusieurs mais ca on s’en bat le poulpe, quoi ? la coulpe ! non-non c’est le poulpe pasqu’il a plus de bras alors c’est plus important, ensuite y se trompe tellement qui dit que sarsoullier ca n’existe pas dans l’dictionnaire et il propose sarsouiller = sarcocolier. Tous le monde y sait que sa veut dire : boire outre mesure ( ouala sans jeu de mot.) Elle est belle la jeunesse, l’oursin y n’a pas besoin de vin blanc pour être digérer. Si vous plaît continu Bouns.

      Après un tel déjeuner, il ne me restait plus qu’à aller faire la sieste du matin sur la plage ou sur le port au C N D club nautique Djidjellien. Voilà encore un endroit où la jeunesse pouvait se réunir, le port étant dans le périmètre de la ville qu’il était interdit de quitter par la route à cette époque.Ce petit port de pêche sans grande activité en cette période de guerre , offrait un plan d’eau extraordinaire, une piscine d’eau de mer pour l’entraînement des sportifs et les loisirs de tous.
      C’est de cet endroit qu’il nous était possible avec un petit bateau à rames ou même à la nage avec des chambres à air de camion gonflées, de rejoindre une petite île de rêve avec armes et bagages du genre couteaux, fourchettes, ciseaux, guillotine, tire bouchon avec bouteilles correspondantes, pain, beurre, etc…Les bagages ou assimilés étant : Les filles indispensables pour une journée consacrée à l’oursinade et au farniente…. Allez les filles vous fâchez pas je plaisante, les vrais bagages étaient le reste du repas, vêtements, masques de plongée, tubas, parasol, poste radio pour la musique etc…
      Comme dab les garçons étaient préposés au ramassage des oursins en plongée et au fur et à mesure des arrivages les filles et quelques garçons les ouvraient comme vous pouvez le voir sur les photos ? Le tas grandissait bien à l’abri d’une serviette éponge humide pour les protéger des rayons du soleil. Il y avait aussi les tartineurs que l’on ne voit pas sur les photos, je ne sais pas d’où vient cette habitude de manger du beurre en tartine avec les oursins (et vous faisiez pareil ?) toujours est-il que le vin blanc était au frais en immersion.
      Je me souviens d’un jour où la mer était agitée, chacun à son poste pour préparer la dégustation y compris les machos faisant semblant d’être occupés, quand tout à coup une espèce de gargouillis venant d’un plongeur à moitié estrafogué d’eau de mer tenant d’une main le cageot d’oursins, une bouteille de vin de l’autre, gesticulant en nous montrant flottant entre deux eaux quelques bouteilles qui s’étaient fait la malle, dégagées par la houle de leur panier les emprisonnant.
      Belle émotion ce jour là d’autant que nous avions oublié sur les quais le casier de bouteilles d’eau. Mais j’te dis pas l’ambiance sans eau, et pas seulement les garçons, dans une certaine limite, pas de Gens saouls simplement très gais, heureux du moment.
    Encore une belle journée, un beau souvenir, qui n’a rien à voir avec de la nostalgie.
      Quand je pense que certains sont obligés d’inventer pour écrire une histoire et essayer d’obtenir le concourt avec un G ! Je n’ai passé que 24 ans en Algérie ce qui ne m’empêche pas de vous parler avec passion et amour de notre terre natale.
    Et si un jour mes souvenirs se tarissent, si un jour je ne peux plus être un témoin de notre histoire, alors je vous promets de raconter ce que j’aurais pu faire de cette terre généreuse, en partage avec nos voisins Arabes, (qui ne nous faisaient pas la guerre eux mais la supportaient comme nous,) que l’on appelle actuellement et hypocritement les Maghrébins. Est-ce que l’on nous appelle les Européens nous les Français ?

G. Boutonné


P S = Pardon siouplait, c’est moi R@ Rogerbase sa consience le contrôleur des travaux finis. La preuve que je suis indispensable, Bouns il a oublié de raconter la madone d’oursinade de Carqueiranne, toujours pain-beurre vin blanc, c’étaient des monstres en guise d’oursins, le métro chargé de la ramasse y respectait les mois zenner lui, avec des bouteilles a t’oxygène rien que çà, Chacun sa triche. Ya aussi celle de la Coudouliere, celle de Six Fours. Celle con a faillit faire à la Verne sauf que ce jour la mon frère il a pris un pévé bicose il avait pas pris le permis de les ramasser. Jete tout à la mer ilya dit le douanier, plus tu m’dois 10 francs pièce, encore un peu on appel le curé d’la paroisse pour faire la quête et payer l’pévé.
Ouala, c’est tout pour cette fois ci moi j’vous embrasse bien fort. Rogerbase.,



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