La Chasse au SANGLIER dans la région de Djidjelli
Chroniques de Bompassant et de Benpassane !
et....


Chasses               Ech-Chebani               Sanglier-2       2001               

les histoires de Djamal publiées sur le Forum sont tellement savoureuses.. que je préfère ouvrir une page car le Forum a un côté effémère.. et ces histoires sont celles que émerveillés nous écoutions enfants dans nos villages.. je pense aux repas chez Hilaire à Taher, ou même encore à Nîmes quand je le faisais parler.. La parole est donc à nos conteurs.. 22/12/2006 Suzette GRANGER


    12/12/2006 : Chaque été par tradition un rassemblement familial regroupe au Douar**, l'espace d'un mois, oncles, tantes, cousins, cousines, neveux et nièces de Jijel, Constantine, Alger, et Annaba ( Eh oui! la famille est grande et encore j'oublie ceux d'Europe et des Amériques).Un soir un cousin Constantinois "chasseur du Dimanche" rassembla tous les petits héritiers pour une démonstration de chasse au sanglier. Après avoir fait grimper les mômes aux arbres, il se posta près d'un cours d'eau à califourchon entre deux branches. L'attente ne fut pas longue : une bête,tête baissée, déboucha à vive allure à 10 m en face de notre gugus. Deux coups de feu et la bête s'écroula foudroyée juste sous l'arbre des enfants. Un gosse s'écria alors :"Il est aussi gros que l'âne de grand père Hocine".
Au même moment, tout le reste de la famille était réuni autour d'un couscous mouton dans la demeure de l'oncle Hocine. Au bruit des détonations ce dernier lança, un peu inquiet, "pourvu que ce ne soit pas mon Deb". Hèlas! la nouvelle ne tarda pas à arriver : le bourriquot de tonton Hocine vient de rendre l'âme victime d'une bavure du son neveu. Dès lors dans le Douar une nouvelle expression fit son apparition dans le vocabulaire des chasseurs : Celui qui abat un sanglier doit préciser " KEBIR GAD EDDEB " .Le neveu vendit son fusil et avec l'argent dédommagea l'oncle. Djamal Barama
** Précisons que le douar de Djamal se situe du côté de Sidi Abdelaziz, Chekfa... le bled quoi ! SG


  —  14/12/2006 : Cette histoire est arrivée dans les années 30 à un de nos concitoyens, futur homme politique. Il avait beaucoup de tchatche, beaucoup de culot, et si tout le monde se moquait de lui, il retombait toujours sur ses pattes et "progressait dans les sondages"...
Un jour, ses amis décident de lui faire une grosse farce : ils l'invitent à participer à une chasse de nuit "aux phares", pratique bien sûr interdite par la loi. La nuit tombée, ils partent donc en voiture décapotable sur la route de Bougie et le fusil est confié à notre ami. Mais toute la jeunesse djidjellienne et même les gendarmes sont dans le coup. Un comparse est caché dans les buissons à l'entrée du pont de l'Oued Kissir et il tient un lapin, attaché par une patte à une ficelle. Lorsque la voiture, signalée par un autre comparse, arrive au pont, il lance le lapin sur la route. Notre chasseur, qui a de bons réflexes, tire aussitôt et abat la pauvre bête. La voiture s'arrête et il se précipite pour récupérer sa proie mais c'est à ce moment que les gendarmes complices sortent à leur tour de l'ombre et procèdent à son arrestation.
Ils lui passent les menottes, l'embarquent dans le "panier à salade" et l'emmènent, tout penaud, à Djdjelli. Arrivés avenue Vivonne, ils s'arrêtent devant le café Rénier qui a rarement connu une telle affluence, font descendre notre homme qui a perdu de sa superbe et lui proposent un marché : aller en prison ou payer une tournée générale pour se faire pardonner. Ce qu'il a bien sûr accepté, à condition que le Café Rénier lui ouvre un crédit... P. Bompassant


  —  EL Hallouf Ech-Chibani*** 20/12/2006
Au village Sid Ahmed était un excellent chasseur au palmarès impressionnant ; bon tireur , bon pisteur avec un petit chouia de chance il faisait pâlir tout le monde de jalousie. Tout aussi célèbre Ech-Chibani était un vieux sanglier au poil tout grisonnant, gros comme une bagra et qui régnait en maître sur l’unique point d’eau du hameau. Les rares personnes l’ayant croisé ont eu droit à la frayeur de leur vie et le décrivaient comme un monstre terrifiant. Il fut surnommé la bête de Maäzer (du nom de la source) et bien que plusieurs battues furent organisées pour sa capture il demeurait insaisissable ; ce qui confortait sa mauvaise réputation.
Les braves gens disaient que c’était un Djinn et qu’il valait mieux le laisser en paix en évitant d’aller chercher de l’eau après 18 heures. Sid Ahmed n’était pas de cet avis et était bien décidé à en finir avec ce troublion. Un soir il s’arma de son fusil et s’en alla se poster aux aguets près de la source. Des heures s’écoulèrent, lorsque sa femme qui s’apprêtait à servir le diner entendit des grognements venant de la rahba ( la cour). Elle ouvrit la porte et se trouva nez à nez avec un énorme sanglier menaçant qui visiblement voulait se faire inviter au repas. Affolée elle eut juste le temps de grimper avec les enfants sur le toit grâce à une échelle que les ouvriers utilisaient pour réparer la toiture. A l’abri sur son perchoir toute la famille se mit à crier et à appeler à l’aide mais en vain ! la maison étant bien isolée à l’écart du hameau..
Durant une partie de la nuit la bête déambula avec nonchalence s’offrant même le tour du propriétaire avant de s’allonger au milieu de la cour. A l’aube ( el fedjr) l’animal quitta les lieux par la grande porte. En rentrant au petit matin , le chasseur trouva sa femme et ses enfants en pleurs..!
La description qu’on lui fit de l’animal correspond exactement à Ech-Chibani.. Offensé et fou furieux il décida de se venger en tuant près d’une vingtaine de sangliers en un mois, mais le vieux hallouf était introuvable comme volatilisé et pendant des mois plus personne ne signala sa présence.
Au bout d’une année cette histoire était presque oubliée lorsqu’une femme, partie chercher de l’eau, découvrit le vieux sanglier étendu mort près de la source. Aucune blessure, ni trace de balles ne furent relevées sur son cadavre et pour cause l’animal était tout simplement mort de vieillesse. Pour conjurer le mauvais sort ou éloigner les djinns on décida de l’enterrer sous un vieux chêne pas loin de la source. En hommage à cet adversaire coriace Sid Ahmed planta sur la tombe une grosse pierre avec cette inscription en arabe : El-Hallouf Ech-Chibani 2001  — A Paul De Bompassant de la part de Benpassane (Djamal Barama)
*** El Hallouf... bien sûr vous avez tous compris c'est le cochon .. ou le sanglier — Ech-Chibani : Le vieux, mais avec une notion de respect — bagra : vache

  —  Merci pour la dédicace, Djamal. Aucun doute, on voit que c'est une histoire authentique!
On m'en a raconté une autre dernièrement et comme c'est une personne qui n'a pas notre tendance à enjoliver la réalité, je la crois authentique à 100%. Cet ami dit qu'il a trouvé dans la forêt, par un jour de grand froid, un sanglier immobile qui semblait le regarder. Au bout d'un grand moment, le sanglier ne bougeant toujours pas, il s'est décidé à s'approcher et a constaté que la bête était morte, debout, raidie par le froid et transformée en statue. Difficile à avaler et cependant je le crois... Paul Isel

  —  Bien qu'un peu romancée( mea culpa)), cette histoire est vraie et s'est réellement passée au Douar natal. Sid Ahmed existe et travaille au service de maintenance de l'aéroport de Constantine. Chaque week end il continue à enrichir son tableau de chasse avec une bête ou deux.....par simple plaisir evidemment. Djamal

  —   Mon père racontait une histoire de sanglier que je regrette de ne pas avoir mieux écoutée. Il était question d'un fellah qui était allé couper du diss dans la montagne et qui avait rencontré un vieux sanglier tout blanc qui l'avait chargé. Notre homme avait essayé de grimper dans un arbre mais le sanglier lui labourait les jambes à coups de boutoir...Finalement, la branche à laquelle il était agrippé a cédé et l'homme est tombé à califourchon sur le sanglier qui, surpris, a préféré détaler, le projetant dans un buisson de guendoul (genêt épineux)... authentique... Paul Isel


  —  26/12/2006 - De Djamal BARAMA : "un hallouf abattu et transporté par tracteur -De G à D : Sofiane BARAMA (Casquette blanche) et Samir BARAMA (en short), respectivement fils et neveu de Djamal (Juillet 2001)"




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